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« Nous nous sommes faites arnaquées ma mère et moi par notre pasteur »

Lyzzie (nom d’emprunt) est une jeune camerounaise de 28 ans, originaire de Ngambe qui est allé en Afrique du Sud via le canal de 2 pasteurs de l’église nommée Grace Chapel de Bedi à Douala, église où sa mère et elle allaient prier Dieu tous les dimanches, Odekpo Valentine et Mbarga Albert. Victime d’une grosse escroquerie et abandonnée à elle-même en plein Pretoria à la merci de tous les abus, elle nous raconte sa mésaventure.

 

Bonjour Lyzzie et merci de nous accorder cette interview. Pourquoi avez-vous décidé de partir du Cameroun votre pays?
Lyzzie: En réalité c’est ma mère m’a pousse à voyager me disant les bien fondés de l’étranger ; en plus c’était une bonne occasion pour moi de continuer mes études.

Pouvez vous nous raconter les circonstances de votre départ?
Lyzzie: Je suis parti par le biais de mon pasteur au Cameroun, Odekpo Valentine, pasteur de l’église Grace Chapel situé à Bedi à Douala qui disait pouvoir me faciliter l’entrée en Afrique du Sud. Il nous a dit Maman et moi qu’il a son frère pasteur Mbarga Albert qui est bien installé en Afrique du Sud ; Celui-ci pouvait bien m’aider pour mon insertion dans ce pays. Ma mère m’a donc mis entre les mains de son pasteur et s’est occupée de tout ce qui est finance pour mon départ et le reste.

Comment a été le voyage et l’arrivée en Afrique du Sud?
Lyzzie: Bien même comme un peu long à mon goût. J’avais un peu peur parce que je ne savais pas où j’allais. J’avais peur de l’inconnu. Je suis arrivée en Afrique du Sud a minuit. Le frère de mon pasteur Mbarga Albert lui aussi pasteur à Tower of Grace Church était venu m’attendre avec des collègues à lui. Tout se passait bien jusque là.

Le Pasteur a-t-il tenue ses promesses?
Lyzzie: Même pas une seule. En fait il a fallu juste quelques jours pour me rendre compte que ce n’était qu’un profiteur et comprendre dans quel piège ma mère et moi étions tombées. Il me demandait de l’argent à longueur de journée. L’argent que ma mère avait mis dans mon petit sac quand je partais du pays, il a tout arraché disant qu’il allait me rembourser. Jusqu’aujourd’hui, RIEN.

Vous a-t-il inscrit à l’école?
Lyzzie: Un an avant mon départ du pays, nous lui avions envoyé l’argent pour réserver une place à l’université de Pretoria. Grande a été ma stupéfaction quand je suis arrivée sur place car j’ai constaté non seulement je n’avais pas de place à l’université, mais aussi qu’il n’y était jamais passé même juste pour s’informer. En fait cet argent lui avait servi pour ses propres affaires. Il a donc fallu tout recommencer à zéro, par ricochet que Maman envoie de nouveau l’argent. Finalement je ne suis jamais allé à l’école, vu que quand Maman a envoyé R12000 (600 000FCFA) pour mes papiers et m’inscrire a sa femme et lui ont tout utilisé.

N’avez-vous pas fait de réclamation auprès du pasteur ?
Lyzzie: Si 3 mois plutard. Et quand je lui ai réclamé mes sous, ils ont excommunié ma mère de l’église qu’elle a pratiquement construite avec son argent. Et sa femme sud africaine a menacé de me rapatrier. Peu de temps après, sa femme et lui ont fuit l’Afrique du sud vu que même ici ils devaient de l’argent à l’état. Ils m’ont abandonnés dans la rue sans argent. C’est alors là qu’a commencé ma souffrance. Il fallait s se loger et survivre dans un pays ou je ne connaissais personne. En plus ma mère ne pouvait plus m’envoyer d’argent, elle n’en avait plus et avait même dû hypothéquer l’école de mes cadets pour moi. Jusqu’à présent, elle n’est plus stable psychologiquement. Je suis allé vivre au plein de cœur de Pretoria. Il ya un ami qui s’est propose de m’aider. Il ma aidé à prendre une chambre a mes frais et m’a aidé à trouver un job dans un cyber café. Je me suis dis que là tout commençait à aller mieux, mais je m’étais trompé. Le monsieur qui m’avait aidé voulait juste profiter de moi, augmentant mes douleurs par la même occasion. Il est venu habiter avec moi et ma vie est devenue un enfer. Il me traitait comme sa propriété me battant quand je n’étais pas d’accord avec lui. Il m’enfermait dans la chambre, me violait et m’empêchait même d’avoir des amis et à cause de sa jalousie maladive, j’ai fini par perdre mon travail après seulement deux semaines. Pas moyen de sortir chercher un travail et pire je passais mes journées sans manger et Monsieur ne payait pas les factures, ni le loyer. C’était l’enfer du 11ème étage (niveau de l’immeuble où on habitait). Et ceci a duré 5 mois. Je passais mes journées à pleurer. Pas un seul jour ne passait sans que je ne pleure. J’ai même pensé à me suicider ! Les seuls moments de répit que j’avais étaient les moments où je dormais, vu que quand on dort, on ne pense à rien.

Avez-vous porté plainte?
Lyzzie: Non. Je ne pouvais vu que je n’avais pas de papiers. Mes papiers étaient expirés et le pasteur avait fuit avec et avec l’argent pour les renouveler.

Et comment avez vous survécu?
Lyzzie: J’étais traumatisée et j’avais perdu goût à la vie. Je me suis calmé et j’ai cherché comment m’enfuir. Donc à un moment j’ai joué au jeu de mon. Il a commencé à me faire confiance et à me laisser aller au cyber surfer. J’en ai profité pour parler avec des amis et ma famille. Ma mère très malade et internée dans un asile ne pouvait plus rien pour moi. Elle était presque devenue folle et passait tout son temps à culpabilisait. En discutant avec des amis, j’ai fini par tomber sur un frère en Christ qui était aussi guitariste à l’église et il m’a aidé en me mettant en contact avec certains étudiants camerounais qui travaillaient dans un call center canadien. Je les ai contacté et je suis allé chez eux quand mon ravisseur était sorti et je leur ai raconté la situation que je vivais. Ils étaient tellement en colère et touchés qu’ils son venus prendre toutes mes valises et m’ont hébergé. Ils m’ont aidé à remonter la pente et j’ai commencé à travailler au call center avec eux. Ceci a duré 2 mois et ça m’a permis de retrouver un peu d’équilibre. Peu de temps après les canadiens dans un souci de réduction d’effectif nous ont tous licencié. Depuis je toujours à Pretoria, seule depuis. Je me suis pris une chambre et depuis 6 mois j’ai trouvé un travail dans un autre cyber café. Ca va de mieux en mieux. Mais ya toujours des hauts et des bas.

Pourquoi ne pas revenir au pays depuis?
Lyzzie: Je suis entrain de faire mes papiers car sans un bon visa je ne pourrais sortir de ce pays.


Comment gérer vous les relations avec les garçons?
Lyzzie: Bof…. Plutôt rester sans !!! Ils sont très méchants et mesquins

Avez-vous subit d’autres abus?
Lyzzie: Oui de la part de ceux qui m’employaient.

Quand tout va mal généralement on a tendance à se replier sur Dieu. Quel est la place de Dieu et de l’église dans votre vie?
Lyzzie: Hum. En fait c’est Dieu qui a tout fait pour moi

Avez-vous des nouvelles de votre mère?
Lyzzie: Oui. Je l’appelle constamment. Elle va mieux et me reconnais au moins. Son état est stable.

Quelle leçon tirée de votre histoire quel message voulez vous transmettre?
Lyzzie: Ne pas avoir confiance a un homme au point de lui confier votre vie ou votre enfant sans chercher à bien le connaître. De toujours avoir la foi même quand les choses sont contre vous parce qu’à côté de vous il ya quelqu’un qui veille sur vous et ne vous laissera jamais tombé. C’est Jésus Christ sauveur de l’humanité.

Merci de nous avoir accordé cette interview et d’avoir accepté de partager avec nous votre histoire.
Lyzzie: C’est moi qui vous remercie de m’avoir accordé la chance de raconter mon histoire de façon publique afin que ça serve aux autres familles. Ca me fait un grand bien. Merci encore et longue vie à votre magazine.


Interview réalisée par ACT depuis Pretoria

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