Professionnel en ingénierie événementielle, Marketing et communication, Victor Ngango a analysé pour Ma Copine les difficultés rencontrées dans l’organisation et la prolifération des concours de beauté au Cameroun
On assiste au Cameroun à une prolifération de concours de beauté. Quelles sont les causes selon vous de ce trop-plein d’élections Miss ?
Merci pour l’opportunité que vous m’offrez de m’exprimer sur la question et je sais que de milliers de vos lecteurs auraient souhaité le faire autant. D’abord, je ne sais pas si je dirai qu’il y a une prolifération, parce que cela peut tout aussi dénoter de la créativité et du dynamisme des acteurs culturels camerounais. Par contre, si vous me parlez de la qualité ou du standing de ces productions, alors je répondrai qu’il n’y en a pas assez ; oui parce qu’un concours de beauté obéit comme plusieurs autres types de concours, à des standards, des canons et des règles parfois les plus élémentaires, qui ne sont malheureusement pas toujours respectés.
Est-ce que ce trop-plein de concours ne tue pas le mythe autour de ce concept ?
Comme je le signifiais plus haut, la bonne ou la moins bonne (mauvaise) qualité des concours pourrait, je dirai, jeter du discrédit sur ce que vous appelez concept. Si nous avons une suite de concours de piètre qualité et j’entends ici, sans âme, sans direction artistique de qualité, sans standard technique de niveau requis, sans expertise de production événementielle simplement, NON le mythe ne sera pas tué, mais il n’en existera plus du tout ; et alors chacun se fera son idée de ce qu’il entend de concours de beauté ou de ce que nous appelons tous ici l’élection miss.
Quel est votre regard aujourd’hui sur Miss Cameroun ? Avez-vous vous des conseils pour les organisateurs ?
Sincèrement, je ne sais pas par quel bout prendre cette question, car il s’agit ici d’une institution qui engage qu’on le veuille ou pas, tout un pays. L’organisation Miss Cameroun qui avait pensé le concours, avait certainement de grandes ambitions à la création, avec une orientation je suppose claire, qui devait donner l’opportunité à la jeune fille Camerounaise de s’exprimer, briller et positionner le Cameroun sur le toit du monde. Avec le temps, l’environnement, la conjoncture, la gouvernance, les nouveaux challenges du secteur de l’industrie événementielle ont dû malgré tout, même sans le vouloir, obliger à un changement de cap.
Pour moi, MISS CAMEROUN est resté trop longtemps un événement et c’est ce qui pourrait gêner à mon avis. Il doit assumer sa posture d’entreprise et devenir une véritable MARQUE qui doit vivre, dans un cycle qui prend en compte les acteurs et un écosystème : Miss Cameroun doit cesser d’être juste un événement, pour devenir progressivement une marque.
Miss Biopharma qui s’annonçait comme le plus sérieux concurrent à Miss Cameroun a disparu. C’était le seul concours organisé par une société de produits de beauté. Depuis lors, plus rien. Comment expliquer que dans toute cette liste de concours de beauté au Cameroun, on n’ait plus aucun concours organisé par une entreprise de produits de beauté ?
C’est peut-être là le problème de notre pays ; qui a vocation à organiser un événement de cette envergure ? Pourquoi les entreprises se retrouvent-elles au centre de l’organisation d’événements de tous types (Miss Biopharma, Miss Orangina, Miss Ayoba, etc.) ? N’avons-nous pas ou plus d’expertises locales supposées le faire ou c’est simplement comme quelqu’un me l’avait dit « si je mets mon argent, je veux savoir ce qu’on en fait et ce que cela me rapporte ». Je ne sais pas pourquoi Miss Biopharma n’a pas continué malheureusement (les standards étaient pourtant très élevés), ni pourquoi les entreprises de produits de beauté n’accompagnent pas (et non n’organisent pas) les concours existants ?
Quelques pistes tout de même : la qualité des projets, la crédibilité des porteurs, la réglementation et/ou la législation, la capacité à garantir le retour sur objectifs ou investissement et le financement en dernier. Il y a de l’argent dans ce pays, du moment que vous semblez crédible et capable de justifier pourquoi vous et pas l’autre, vous allez avancer (je reste dans la mesure du rationnel).
5- Un conseil pour les organisateurs de concours de beauté pour terminer…
A chacun son métier tout simplement ! Ce n’est pas nécessairement le porteur d’un projet qui en est le producteur. Ce n’est pas parce que vous financez un projet que vous devez être sur tous les plateaux TV à essayer difficilement de le vendre.
Savez-vous par exemple, que dans nos récentes recherches avec quelques amis et confrères, nous avons pu identifier pour l’instant près de 40 métiers reconnus dans le secteur de l’industrie événementiel ? Chez nous, tout le monde fait tout, à temps et à contre temps et tout le monde regarde faire. Les gens doivent respecter le métier des autres et aller se former s’il le faut. Je reviendrai dessus en temps opportun.