Ce n’est pas facile de raconter mon histoire, mais je le fais pour sensibiliser toutes les femmes pris au piège comme moi ; si ça peut aider certaines, ce serait bien. J’ai honte parce que je sais que beaucoup vont me juger, mais j’ai décidé de parler, quelques soient les retombées. De toutes les façons je mérite ce qui m’arrive.
Je suis Laura, jeune camerounaise de 30 ans et maman d’une fille. J’ai connu mon mari à l’église à Yaoundé. Il était dans cette église depuis plus de 5 ans déjà, et moi je suis arrivée deux ans après. On se saluait tout le temps, vu qu’on se croisait dans les activités de l’église et nous étions tous les deux très actifs. Je faisais les études bibliques les mardis, jeudis et samedis. Le dimanche, on avait culte. Moi j’étais choriste. J’aimais bien chanter pour Dieu, mais réellement ce qui m’avait poussé à la chorale c’était le fait que le pasteur me plaisait bien et je sentais dans son regard transperçant que moi aussi je lui plaisais. Il était un jeune pasteur célibataire et moi aussi célibataire de mon état, je me suis dit pourquoi pas. Je cherchais quelqu’un avec qui je vais partager ma vie et je voyais chez ce pasteur tout ce que je recherchais chez un homme. Il faut dire que ce pasteur m’avait trouvé dans cette paroisse vu qu’il venait d’y être affecté. Son arrivée avait ravi toute la congrégation qui était heureuse d’avoir un aussi jeune et beau pasteur. Je suis persuadée que toutes les jeunes filles de l’église en le voyant avaient eu un faible pour lui.
Lors des études bibliques, il arrivait que nos regards se croisent. À ce moment, je baissais la tête de peur d’être irrespectueuse et de me faire plein de films dans ma tête. À la chorale, c’était pareil et son regard persistant et son manque de concentration me confortait dans le fait que quelque part, il doit ressentir quelque chose pour moi. Malheureusement, on s’est retrouvé plusieurs fois seuls mais il n’a jamais rien dit ou entrepris. Je suis allée plusieurs fois dans son bureau lui parler de mes soucis personnels et je me disais que ça lui donnerait la possibilité de s’exprimer ou même de laisser entrevoir quelque chose, mais rien. II m’a plusieurs fois donné des conseils sans plus. J’ai même changé ma façon de m’habiller pour être plus sexy question de le séduire. Je voyais dans son regard que je lui plaisais beaucoup, mais jamais il n’a manifesté quoique ce soit quand on s’est retrouvé seuls. J’étais partagée entre le sentiment d’être en face de quelqu’un de timide qui ne peut pas faire le premier pas et celui de me faire trop de films. Ce qui m’empêchait aussi de faire ce premier pas. Après plusieurs rencontres, je suis rentrée chez moi triste en me disant que je devais avoir une imagination débordante et que forcément le pasteur devait être gentil avec tout le monde comme il était avec moi. J’ai laissé mes sentiments s’estomper. J’avais trop peur de prendre les devants et d’oser vu que ce n’était pas un homme comme les autres. C’était un pasteur, mon pasteur. Il a une fonction sacrée qu’il faut respecter. J’avais des regrets parfois de ne lui avoir rien dit concernant mes sentiments envers lui.
Il faut noter qu’en parallèle, je fréquentais quelqu’un d’autre : Michel. Michel n’était pas mon style d’homme. Mais il était doux et très attentionné. C’était quelqu’un d’aimable et je me demandais toujours pourquoi il était si gentil avec moi alors que ça se voyait que je n’avais pas son temps. Il était présent et très « careless ». Je me posais pleins de questions sur lui sans savoir que c’était sa façon à lui de me draguer. Je ne lui accordais vraiment pas d’attention vu que je flashais sur le pasteur.
Un jour, le pasteur, dans une de ses prédications, a dit que « ton mari n’est pas forcément l’homme que tu veux, mais c’est parfois l’homme qui est à côté de toi, qui est prêt à tout pour toi et que parfois tu négliges ». Cette prédication m’a énormément touché et à mon retour à la maison, j’ai beaucoup médité dessus. J’ai finalement accepté les avances de Michel. On s’est côtoyé pendant 5 mois et la nouvelle s’est répandue dans toute l’église. Michel était un homme merveilleux. Le genre qui sait prendre soin d’une femme mais dans ma tête, il était mon plan B vu que mes yeux étaient toujours fixés sur le pasteur qui restait inaccessible pour moi. Michel continuait de me traiter comme une reine ; ce qui me gênait parfois. Le pasteur avait l’air content pour nous quand il a su pour nous deux. Il était très heureux de l’annoncer à l’église. Moi qui pensais qu’il devait m’appeler pour me questionner et peut être me faire une petite crise de jalousie même indirecte, ça n’a pas été le cas. J’étais déçue mais j’ai finalement accepté ma situation et six mois plus tard, Michel et moi on s’est marié.
Le mariage a finalement eu lieu et c’est le pasteur lui-même qui a béni notre union. La première année de mariage, tout allait parfaitement bien, au point d’être trop beau pour être vrai. Au fur et à mesure que le temps passait, j’ai commencé à avoir les sentiments pour mon mari Michel. Il était bien et je me suis dit qu’il fallait arrêter de rêver du pasteur, de l’oublier et de me concentrer sur mon mari. Les sentiments sont venus et on a eu une magnifique fille qu’on a surnommé Sarah. Quelques temps plus tard, mon mari a été envoyé en mission par son boulot et il était contraint d’y aller pour une durée de 6 mois. Lorsqu’il est parti, j’ai découvert deux semaines plus tard que j’étais enceinte de notre deuxième enfant. Malheureusement au 4ème mois de grossesse j’ai eu une fausse couche. J’étais tellement triste. Et la première personne vers qui je me suis tournée, c’était le pasteur. En tant que servant de Dieu, je trouvais en lui le réconfort. Il m’a vraiment consolé. J’étais dévastée vu que j’avais perdu mon garçon. Et j’avais tellement pensé à sa venue et à tout ce qu’on pouvait faire avec sa grande sœur Sarah. Toute ma belle-famille était chez moi pour me consoler, mais la seule personne avec qui je me sentais vraiment bien c’était le pasteur. J’étais devenue accro à sa compagnie ; je trouvais donc pleins d’excuses pour aller chez lui, faire le ménage et la cuisine au point de délaisser ma propre fille Sarah. À force d’aller tout le temps chez lui, l’irréparable a commencé. On a commencé à avoir une relation secrète.
À son retour de mission, mon mari a senti à travers mon comportement que je n’étais plus la même et que je n’étais plus investie dans mon mariage. Michel m’a fait asseoir et m’a demandé ce qui n’allait pas. Il m’a dit qu’il sait que je voulais vraiment cet enfant mais qu’on pouvait en faire d’autres. Il était loin de la vérité et loin de s’imaginer quelle était la véritable raison de mon comportement inhabituel. C’était compliqué pour moi de lui dire que les sentiments que j’avais cru avoir pour lui avaient disparu. Plus les jours passaient, plus Michel s’inquiétait et m’interrogeait. J’étais devenue agressive et tout le temps sur la défensive à chacune de ses questions. Il est allé voir notre pasteur pour se plaindre de mon comportement et le conseil que le pasteur lui a donné, c’était de rentrer discuter avec moi sa femme, pour savoir si je n’avais pas un problème que je lui cachais, à lui mon mari. Encore plus grave, le pasteur lui a demandé de me poser la question en public de savoir si je voyais quelqu’un d’autre. Quand mon mari m’a relaté tout ça, je me suis sentie ridicule. J’étais abasourdie. Je me demandais quel était l’objectif du pasteur de vouloir me ridiculiser en public alors que mes déclarations pouvaient aussi l’éclabousser. Il serait mal vu lui aussi. Michel était quelqu’un de bien. Au lieu de faire ce que lui avait conseillé le pasteur, il est venu me poser la question en aparté. Je me suis néanmoins enflammée et on s’est disputé pendant un bon moment. Après ça, je suis allée voir le pasteur pour lui demander où en étions-nous, lui et moi avec notre relation, vu que moi je voulais divorcer. Il a refusé catégoriquement que je divorce. Il m’a dit que ça aurait fait tâche et mauvaise réputation pour lui qu’on dise que lui, un pasteur s’est mis en couple avec une femme divorcée. Je lui ai demandé ce que je devais faire des sentiments que j’avais pour lui. Il m’a dit qu’il m’aimait bien mais que j’étais une femme mariée. J’étais dévastée. En plus c’était moi qui étais allée vers lui quand je me sentais triste et seule après la perte du bébé. C’était tout ça qui m’avait emmené à aller chercher le réconfort chez lui. Il m’a bien signifié que rien n’était possible entre nous. Au sortir de cette rencontre j’étais tellement triste, frustrée, mal dans ma peau et en colère envers moi.
Je voulais néanmoins divorcer de Michel. Je n’étais plus à l’aise avec lui. Et le jour où je lui ai annoncé la mauvaise nouvelle, je lui ai fait un message. Ce jour-là, il n’est pas rentré. Le lendemain on m’a appelé pour me dire qu’il avait fait un accident et qu’il est décédé.
J’étais dévastée. Je voulais divorcer pour me mettre avec le pasteur qui ne voulait pas et je venais par mon égoïsme et mon égocentrisme de perdre quelqu’un de bien. Qu’est-ce que j’allais dire à ma fille ? J’étais tellement en colère contre moi parce que j’avais passé le temps à chercher de l’or alors que j’avais le diamant entre les mains. J’avais passé tout le temps à penser à moi, pas à ma fille, encore moins à l’église et son éthique. Comme rien ne se cache, à l’église, les gens ont su ce qui s’est passé. Je n’ai pas pu repartir à l’église à cause de la honte. Plus tard j’ai découvert comme les autres membres de l’église que je n’étais pas la seule femme à l’église avec qui le pasteur entretenait des relations. Je me suis demandé à quoi aurait ressemblé ma vie si j’avais avoué mes sentiments au pasteur avant de me marier ? Peut-être j’aurai sauvé une vie. Celle de Michel qui aurait trouvé une femme avec qui il aurait fait sa vie. Peut-être serait-il encore en vie aujourd’hui.
Je me sens tellement coupable et j’ai tenu à raconter cette histoire pour sensibiliser d’autres femmes qui vont à l’église afin qu’elles puissent y aller avec un seul cœur. Leur dire que, quand elles ne savent pas quelle voie prendre, qu’elles prient et demandent à Dieu de les guider afin d’éviter de tomber dans des situations compliquées telles que la mienne.